Pourquoi faut-il être complètement con pour aimer le tennis

On entend souvent dire, aux quatre coins des courts, que le tennis est un sport de con. Quand on y réfléchit bien, ouais, c’est pas faux : il faut vraiment être con pour aimer le tennis. Voici pourquoi.

 

Parce que c’est le plus dur des sports

La clope, le bide, la coupe mulet… Tout y est, je crois.

Il y a ce mec qui tient absolument à garer sa bagnole dans la place la plus étriquée de la rue, alors qu’il y a un grand parking à moitié vide 200 mètres plus loin. Il y a ta femme qui veut toujours plier les serviettes de table en éventail, quand il y a des invités, alors qu’il serait tellement plus simple d’y poser un rouleau de Sopalin. Et puis il y a toi, qui a eu cette idée débile de jouer au tennis quand t’aurais pu choisir mille autres sports tellement plus reposants pour le corps, le cerveau et/ou les nerfs. Comme, je sais pas moi, le foot, le cyclisme ou le bilboquet subaquatique.

Ah, on me souffle dans l’oreillette que la confrérie des cyclistes associés conteste ce que je dis, soi-disant que je serais jamais monté sur un vélo et que c’est infiniment plus dur que notre ba-balle jaune. Eh ben dites leur, aux rois de la pédale, qu’ils sont peut-être au bord de l’apoplexie quand ils tentent de monter un col (n’y voyez aucune connotation sexuelle), mais que eux, ils ont jamais connu le syndrome du vélo qui tremble. Dites leur aussi que nous, quand on « mouille » face à une balle de break, l’EPO ne nous est d’aucun recours. Enfin, sur le plan technique, qu’est-ce qui est le plus dur : changer de braquet ou poser une volée de revers amortie rétro ? Bon, fin de la discussion. Et pareil pour nos amis coureurs, avec leurs ridicules tenues bariolées et leurs leggings moule-burne.

De quoi ? Les golfeurs, ils gueulent aussi ? Ok, je veux bien reconnaître à leur sport une certaine technicité et un gros potentiel de fissurage mental (pas autant qu’en tennis, néanmoins, notamment car il n’y a pas la notion d’adversaire direct). Mais franchement, quand un mec bedonnant de 55 berges peut gagner un tournoi pro en fumant sa clope entre deux trous, on ne peut pas encore parler de sport, si ?

Quant à la grande armée des « sports co », le foot bien sûr, mais aussi le basket, le hand, le volley ou autre sport mineur d’écolier, ils ne peuvent même pas s’inviter au débat. Pour avoir pratiqué la plupart des sports que je cite en exemple, je peux l’affirmer en toute objectivité : si l’on synthétise les différentes dimensions techniques, physiques et mentales, le tennis est le plus difficile de tous les sports. Et à ceux qui ne comprennent toujours pas pourquoi, je vous invite à relire ce très bon fascicule de Dorian Martinez, du site Guerilla Tennis. Ou réalisez que si des tennisman ont réussi à percer à très haut niveau dans d’autres sports auxquels ils se sont mis sur le tard, l’inverse n’est jamais vrai.

Parce que tu cours après un but perdu d’avance

Le tennis, un sport reposant pour les nerfs.

Ça, c’est ma pomme qui l’avais expliqué dans un article écrit pour Blog Tennis Concept. Le problème du tennis, c’est que tu n’es jamais dans la réalité, toujours dans le fantasme. Ce fantasme, c’est ce niveau idéal que tu te penses capable d’atteindre, sous prétexte que tu l’as déjà touché du doigt un jour où tu étais dans la zone, le temps de quelques minutes, quelques jeux, un match à la limite. Tu veux revenir dans cette zone, cette fois de manière maîtrisée, et tu t’escrimes à ça, à chaque entraînement, à essayer de retrouver cette sensation de facilité. Mais tout ça n’est qu’une illusion, un mirage. La réalité, c’est que tout dans le tennis – tes articulations trop rigides, tes jambes trop molles, ta technique trop friable, ton stress , ton adversaire peu coopératif, etc. – se ligue contre toi pour t’empêcher de retrouver ce niveau qui ne fait que passer épisodiquement dans ta vie, tel un nuage furtif. Jo-Wilfried Tsonga aura passé sa carrière à courir après le niveau de jeu qu’il avait lors de sa demi-finale de l’Open d’Australie 2008 contre Nadal. Une décennie plus tard, il cherche encore.

Mieux vaut éviter de courir après cette chimère, c’est perdu d’avance. En tennis, de toutes façons, beaucoup de choses sont perdues d’avance. Le tennis est un sport d’échecs. A l’inverse du footballeur ou du coureur à pied qui ont leur orgasme une fois le but marqué ou la ligne d’arrivée franchie, le tennisman, aussi bon soit-il, finira lui toujours par faire la faute, par se frustrer et finalement par perdre. C’est obligatoire. Il faut vraiment être complètement con (ou maso) pour aimer ça.

Parce que le tennis brasse un sacré paquet d’abrutis

On joue toujours, paraît-il, à l’image de soi-même…

Ceux qui sont persuadés que le foot est un sport de racailles et le tennis un sport de gentleman n’ont clairement jamais mis les pieds sur un court. Après plus de 30 ans dans le milieu, je suis en mesure de vous assurer que c’est bien au tennis que l’on retrouve la plus forte concentration d’abrutis en tout genre : les tricheurs, les pervers manipulateurs qui cherchent à te mettre sous influence dès l’échauffement, les schizophrènes adorables en dehors du court et qui se transforment en Hulk dès que le match commence, les faux gentils mielleux et hypocrites, ou encore les spécialistes en analyses techniques à deux balles qui ont toujours pas compris que le tennis va bien au-delà d’une simple question de coup droit et de revers. Et j’en passe (voir aussi cet article). Evidemment, la difficulté psychologique du tennis favorise ces différentes perversions d’esprit qui ne sont, au fond, qu’un exutoire au stress ambiant. Reste que toi, tu nages en permanence au milieu de ces psychopathes. Tu es sûrement même l’un d’entre eux, ou du moins tu l’as été un jour…

 

Parce que tu es frustré en permanence

Larmes de crocodile…

Question : combien la France, ce grand pays de tennis au système de formation envié dans le monde entier, a-t-elle gagné de Grands Chelems depuis les Mousquetaires (c’est-à-dire une époque où on jouait au jeu de paume plus qu’au tennis) ? Trois… Marcel Bernard et Yvon Petra à Roland Garros et Wimbledon en 1946 (et encore, tout le monde était encore occupé à compter les dégâts de la guerre, donc ça compte pas vraiment), puis Yannick Noah à Roland Garros en 1983. Depuis, c’est la débandade à chaque Grand Chelem et même s’il y a toujours un Français pour arriver en deuxième semaine, même s’il fait la Une de l’Equipe ce jour-là avec un titre du style « Tous avec Jo », « Pourquoi Monfils peut le faire » ou « Gasquet est devenu grand », même si tu vas lire avidement les projections des experts qui vont te donner l’envie d’y croire, tu sais pertinemment qu’au final, Djoko ou Rafa vont plier l’affaire en 3 ou 4 sets, terminé messieurs-dames, « sorry good game » et merci d’être venu. On en revient au point n°2 : tu rêves d’un truc que tu n’obtiendras jamais. Tu es condamné à la perpétuelle frustration. Au tennis, ce n’est jamais celui que tu supportes qui gagnes.

C’est d’ailleurs pour cela que, pour noyer ton chagrin, tu as fini par rejoindre la secte des Federophilix au point de jouer ton humeur de la semaine sur chacun de ses matches. Mais ne te fais pas d’illusion : Roger est peut-etre un génie, doublé probablement d’un homme exceptionnel, si tu es ainsi pendu à chacun de ses matches, c’est avant tout par pure frustration : en Espagne ou en Serbie, croyez-moi, je n’ai jamais vu le moindre Federophilix ! Et puis tant qu’on en parle, il va peut-être falloir le lâcher un peu, Roger, car depuis quelque temps, vous commencez à lui apporter pas mal de mauvaises ondes de lositude à la française. Même avec lui, ça se finit mal, en général… Nan, croyez-moi, si vous voulez vraiment rigoler tous les week-end, là oui, mettez vous au hand…

8 thoughts on “Pourquoi faut-il être complètement con pour aimer le tennis

  1. Pas mal comme article, cependant, sur les 3 derniers points, le tennis de table est au moins à égalité, et pour avoir jouer 15 ans en compète au ping, le 3me point est sans aucune comparaison possible beaucoup plus vrai au tennis de table ! 😉

  2. Ah ça oui on descend en gamme de quelques crans même 😂 !
    Et question fissures, ce fut une période (1988-2011) à mon meilleur du ping) ou j’ai vraiment tout vu…
    Là du haut de mes 4 saisons de tennis et de mon 15/4 de campagne, les zinzins me paraissent plus soft qd même
    Mais super bien vu l’article

  3. J’ai pratiqué de nombreux sports, mes enfants aussi.J’ai découvert le tennis depuis quelques années en y faisant jouer mon fils.Je dois dire que c’est effectivement le sport avec la mentalité la plus minable et de très loin.Une hypocrisie sans nulle pareil, une jalousie sans borne servie par une malveillance, une méchanceté, une cruauté invraisemblables.Et le carburant de tout cela : une bétise inégalée.C’est dans ce sport que j’ai rencontré les gens les plus stupides, agressifs, irrespectueux, injustes etc…la vraie racaille elle est en col blanc dans le tennis, le vrai sport de beauf c’est pas le foot, c’est le tennis et de très loin

  4. Faut tout arrêter Michel 😉 c’est un beau sport mais quelque soit le niveau il faut savoir l’aborder avec subtilité. Peur de perdre ou envie de gagner à tout prix c’est ce qui nous fait quitter à 15 ans la compet, mais reprendre sur le tard pour s’amuser, se dépenser de façon ludique et se fixer des objectifs atteignables Je trouve très fun. Courir c’est sympa mais ne procure pas le même plaisir, pareil le foot c’est sympa pour se défouler mais il manque la dimension technique et psychologique. La recette c’est de s’amuser en jouant et de matcher de temps en temps en essayant de faire de belles choses et en allant au bout de l’effort. Quand même plus sympa que le footing !

  5. Est-on VRAIMENT obligé d’aimer le sport quel qu’il soit ? Après le tour de France voilà Roland Garros et bientôt les JO…. Assez par pitié !

  6. Et tout à fait d’accord avec Winston Churchill , quand on lui demandait a quoi il devait son excellente forme à son age avancé : un bon cigare , un bon whisky et Jamais de sport .

  7. Ha ha !!! Bien vu. Et ça commence tôt, tous ces petits pré ados qui du haut de leur classement 30 ne supportent pas, de sa faire prendre un set par un 30/1, commentant du ton le plus humiliant possible le « jeu de merde » de l’adversaire…. Ben oui, c’est parce qu’il joue mal qu’il a gagné. Air connu dans les clubs. Hey les gars, à 30 on sort juste de l’initiation et on commence à apprendre…
    Clin d’œil aux parents de ces petits merdeux, qui ne les incitent pas à la nécessaire humilité que nécessite la progression dans ce sport de masochistes.

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