Salut à tous,
Tout d’abord, je ne me présente pas. Non pas que je veuille conserver un quelconque anonymat. Non pas que je m’apprête à révéler des choses graves dans ce blog. Non, en fait, c’est juste que je pense que tout le monde s’en fout de qui je suis.
Et puis, ce n’est pas tellement l’idée de me mettre en scène. Non, l’idée de ce blog, c’est plutôt de décrire, décrypter, narrer, raconter tout ce qui peut se passer dans la tête d’un tennisman de merde qui traîne son tennis de merde dans quelques tournois de merde, face à des adversaires de merde. Ce que, au fond, vous êtes aussi un peu, avouez-le, si vous traînez au-devant de ces quelques lignes. Donc si nous le sommes tous, vous comme moi, c’est que toutes les lignes que je vais écrire à présent ne seront pas uniquement destinées à raconter MON histoire. Mais NOTRE histoire. A partir de là, on pourra, je l’espère, commencer à échanger. Et surtout à bien se marrer.
Alors, pour vous la faire courte, voilà (quand même) un peu qui je suis. Je suis un ancien joueur de tennis amateur qui, après une « retraite » de près de 10 ans, s’apprête à faire son grand come-back – on y reviendra. Je ne suis plus un tout jeune, mais pas un vieux non plus. Le tennis a bercé mon enfance, mon adolescence et même les débuts de mon âge « adulte ». J’ai pris des cours, j’ai dévoré les Tennis Mag’, je suis allé à Roland Garros, j’ai eu des porte-clés en forme de balle… Et j’ai fais des tournois, pas mal de tournois. Jusqu’à accéder au sommet de ma gloire, c’est-à-dire un classement « arraché » à 15/2, au terme d’une saison miraculeuse qui m’avait vu grapiller quelques victoires face à deux ou trois jeunots en pleine ascension mais toujours bons à prendre, à condition de savoir user de quelques ficelles tactiques (alternances de slices pourraves et de cloches bien hautes…) et psychologiques (regards assassins, poing serré, coup du lacet, etc.) bien sentis au(x) bon(s) moment(s).
Rien de bien glorieux, quoi. Mon tennis, de toutes façons, n’a jamais été très glorieux. N’en déplaise à mes rêves d’enfance aujourd’hui déchus, je n’ai eu droit ni à la fluidité d’un Rodgeur, ni au biceps d’un Rafa, ni au génie d’un Pete, ni au revers d’un Richard (de toute façon, je le joue à deux mains, comme tous les besogneux), ni à la fulgurance d’un Dédé. Bref, je ne suis pas un joueur très talentueux et mes victoires, je les ai surtout accueillies en ouvrant grand la porte aux largesses de mes adversaires, ou en les faisant dégoupiller grâce (tout de même) à une solide paire de gambettes. La seule vraie qualité qu’on m’ait jamais reconnue sur un terrain, c’est une certaine faculté à remettre des balles impossibles pour, disons, la majorité des joueurs de mon niveau.
A côté de cela, j’ai cumulé tous les défauts possibles et imaginables que l’on puisse trouver sur un court de tennis. J’ai cassé des raquettes. J’ai hurlé des obscénités qu’on n’entendrait même pas dans un film sur Canal+ le 1er samedi du mois. J’ai balancé des matches. J’ai simulé des blessures inexistantes seulement pour justifier un niveau de jeu scandaleusement mauvais. Je me suis trouvé beaucoup d’autres excuses en bois comme celle-là. Je me suis pris la tête avec des adversaires. J’ai été arrogant, voire merdeux. Je me suis souvent pris pour ce que je n’étais pas. Je me la suis pété grave après certains jolis coups ou certaines victoires, qui devaient pourtant beaucoup à la chance. Je me suis vanté auprès des mes potes, surestimé la valeur de certaines victoires, sous-estimé la portée de certaines défaites. J’ai frimé quand une jolie fille passait à proximité d’un court où j’évoluais. J’ai joué petit bras, tout mais alors tout, tout petit bras. J’ai gagné des matches en jouant les petits épiciers de service. J’ai souhaité la défaite de certains de mes potes en interclubs uniquement pour qu’ils ne me volent pas la vedette, ou parce qu’ils jouaient contre un mec qui m’avait battu auparavant. J’ai râlé auprès de certains de mes partenaires de double sous prétexte qu’ils avaient commis une erreur grossière. J’ai critiqué le jeu pourri de certains de mes adversaires après m’être emplafonné la tronche sur leurs revers « cochonaillés ». J’ai mis des balles sur orbite et j’ai mis des plombes après pour les retrouver dans le champ d’à côté. J’ai jubilé intérieurement tout en m’excusant auprès de mon adversaire après lui avoir décoché un « let » imparable. Je l’ai, tout aussi intérieurement, traité de tous les noms dans le cas inverse. Je me suis auto-détruit dans certains matches jusqu’à ne plus pouvoir mettre une balle dans le court. J’en ai abordé d’autres dans un tel état de stress que je suis allé 10 fois aux toilettes avant de commencer. J’ai viré mes parents du bord du court. Et je vous jure que je pourrais continuer longtemps comme ça, tellement la liste est longue… Mais en bref, j’ai tout fait. Comme on pourrait plus facilement résumer tout cela, j’avais un mental de merde.
Mais ça, c’était avant. Car quand j’ai compris que ce sport commençait sérieusement à me grignoter le cerveau, qu’il révélait davantage les failles existant au plus profond de mon psyché qu’il ne me permettait de m’épanouir en tant que sportif, quand j’ai réalisé que j’étais incapable d’exploiter plus de la moitié de mon potentiel (certes pas immense, mais quand même…), j’ai tout arrêté. Et je me suis mis à d’autres sports, moins ludiques peut-être, plus fatigants physiquement mais plus « reposants » psychologiquement, et dans lesquels mes failles narcissiques n’étaient pas autant mises en lumière. Ça m’a permis de bien m’entretenir physiquement pendant toutes ces années,, et même de me renforcer sur ce point. Mais le tennis, en dehors de quelques balles tapotées une fois l’an avec des potes sans jamais compter les points, niet. Terminé. Plus jamais, pensais-je même.
Cela dit, on a le virus ou on l’a pas. Je n’ai tout de même jamais perdu contact avec la petite balle jaune, suivant assidûment l’actualité des grands tournois et observant, parfois de près, les plus grands champions. Evidemment, leur comportement exemplaire n’a fait que me cracher à la figure la médiocrité de celui que j’avais auparavant. En quelque sorte, ils m’ont permis de me « nettoyer » le cerveau. Mieux encore : au bout de quelques longues années, ils ont fini par me redonner l’envie. De jouer. Pour l’instant, le projet n’est pas encore concrétisé mais dans ma tête, ça y est, la décision est prise. Je vais rejouer. Je vais d’abord me soigner d’une vieille blessure gênante pour le tennis. Puis je vais me racheter des raquettes. Puis je me trouverai un club. Puis je vais me ré-entraîner. Puis je vais rejouer. Oui, je vais rejouer. Avec un nouvel état d’esprit.
Je vais repartir de zéro, au classement comme dans ma tête. Aujourd’hui, avec les années, je ne dis pas que mon coup droit sera d’un coup devenu foncièrement plus percutant, et mon revers moins aléatoire (oui, car je vous ai pas dit, j’ai un revers de merde qui relève de la pure loterie, très souvent il est inexistant, mais vraiment inexistant, au point de s’acharner à ne pas vouloir rentrer dans les limites du court, et d’autres – rares – fois, il me fait la surprise d’être présent et là il devient mon point fort, c’est à n’y rien comprendre). Mais je pense que ma manière d’aborder les choses sera, elle, meilleure, et je me dis que cela peut changer des choses. Cela peut me permettre au moins de m’amuser davantage. Voyons, qu’est-ce que j’ai de plus aujourd’hui ? Bon, disons que j’ai conscience de certaines choses. Je sais désormais que je n’ai aucun talent. Mais que ça n’a rien d’infamant. Qu’au contraire, il est plus gratifiant de lutter comme un chien pour exploiter le maximum de ses possibilités et rivaliser face à un adversaire potentiellement plus fort. La vie m’a appris – ça paraît évident, mais ça l’est pas tant que ça en fait – qu’il y avait plus grave que d’avoir un revers de merde et que de perdre des matches de tennis. Elle m’a appris aussi à respecter davantage les gens, et donc mes adversaires. A admettre qu’il y avait plus beau, plus fort que moi. Donc à accepter de me battre pour me faire ma petite place malgré tout.
Je ne sais pas ce qu’il adviendra de ma « seconde » carrière. Mais je promets de jouer avec un leitmotiv en tête : celle de profiter de l’instant tout en me projetant toujours sur le long terme. Jouer point par point, tout en gardant à l’esprit que chacun de ces points sera un entraînement pour le suivant, tout comme chaque match sera une expérience pour le suivant, et ainsi de suite… Je ne dis pas que je ne m’énerverais plus – ça c’est impossible. Mais je promets de ne plus jamais m’auto-détruire, ni de balancer un match. Sauf… allez, cas très exceptionnels. Non, non, jamais !! Si je commence à me laisser des portes de sortie, je n’y arriverais pas. Je promets aussi de jouer avec davantage d’intentions, de jouer moins petit bras, parce que ça – le petit bras – c’est typique du court terme, ça peut rapporter un tout petit peu sur le moment, mais à terme on est forcément perdants. Bon, bref, je promets de ne plus être le même, quoi. Je promets surtout de vous raconter match après match le fil de ce come-back exceptionnel. Sans détours ni dérobades. Peut-être qu’au fil de mes matches, vous allez finir par me reconnaître… surtout si je joue contre vous ! En tout cas, je vous promets une dernière chose : sériously, on va bien se marrer !!! Parce que le tennis, quand on y pense, est un sport infiniment drôle – c’est ce qui fait sa richesse. Et aussi parce que je n’épargnerais personne, ni moi ni mes adversaires. Ah oui, bien sûr, vos commentaires, suggestions et remarques seront les bienvenus. Allez, le compte à rebours est lancé… Je vous dis à très vite, j’espère !
Hello!
Je viens de découvrir votre blog et c’est juste une perle! Que ca fait du bien de lire ce genre de feed-back de manière aussi détaillé, drôle et vu de l’intérieur! On se sent d’un coup moins seul 😂
Merci 😉 Mon blog existait depuis quelque temps sur l’hébergeur blog4ever (il est d’ailleurs toujours en ligne là-bas), je viens juste de le transférer. Désolé d’ailleurs pour les bugs et la présentation encore un peu aléatoires !
je découvre ce blog dont l’auteur entre directement dans mon top 3 des écrivains de tennis, derrière (pour le moment) Gordon Forbes et à égalité avec Steve Tignor ! merci d’écrire tout ce qu’on a dans la tête et qu’on n’est pas capable d’exprimer !
Excellente introspection tennistique, j ai a peu pres le meme niveau de merde, je m en vante une a 2 fois dans l annee…mais je me soigne…je me suis franchement bien marré avec ton texte merci….et c est marrant car je suis en ce moment meme dans cette reflexion…
Tu veux reprendre le tennis? Mon conseil, fonce! Tu verras on voit les choses différemment après avoir pris du recul. Ce qui ne t’empêchera pas, évidemment, de péter des câbles de temps à autres…