Comme le million de licenciés à la FFT, tu as reçu le week-end dernier ton nouveau classement. Dans ton cas, cela faisait des années que tu n’avais plus goûté à ce moment autrefois quasi cérémonial. La saveur est aujourd’hui bien différente, mais reste particulière.
Dimanche dernier, alors que tu surfais négligemment sur la « twittosphère » en t’emmerdant ferme devant un Simon-Wu retransmis par ces doux dingues de Bibine Sport (tu t’engages à manger ta vieille Wilson Pro Open si Thibault le Drôle t’apporte la preuve qu’il y avait plus de 100 téléspectateurs sur le coup), t’as vu le fil s’animer soudainement de chiffres absolument indescriptibles pour le non-initié : 15/5, 4/6, 30/1, 0… Le Da Vinci Code ? Non, bien sûr. Même avec le cerveau partiellement lénifié par cet anesthésiant naturel que peut être Gillou (surtout un dimanche matin) quand il est en crise de confiance, il ne t’a pas fallu bien longtemps pour percer le mystère. Merde, apparemment, les nouveaux classements sont sortis et on ne t’a encore rien dit ?!!
Fût-un temps pourtant où on n’avait vraiment pas besoin de te prévenir de l’arrivée de ce jour béni. Tu le cochais au fer rouge sur ton agenda des mois à l’avance. Arrivé le jour J, tu passais des heures à tenter de te connecter au site internet fédéral, mais celui-ci était tellement surchargé qu’il ramait plus que Bernard Giudicelli tentant de renouer le contact avec Lucas Pouille. Et quand enfin tu parvenais à accéder au Graal, tu passais de nouvelles heures à éplucher ton palmarès, celui des joueurs que t’avais battus, celui des joueurs battus par les joueurs que t’avais battus, etc. Tu dois confesser qu’il t’arrivait même de calculer quel classement t’aurais pu avoir si t’avais pas perdu tel ou tel putain de match 7/5 au 3è set plus tôt dans la saison. Un vrai schizo. T’as même connu l’époque préinternet (préhistorique, quoi) où ces nouveaux classements étaient publiés sur Minitel. A l’époque, t’y passais moins de temps : tu tapais 3615 code FFT, t’avais ton nouveau chiffre et basta. C’était binaire. A la rigueur, t’allais ensuite perdre ton temps sur 3615 Ulla mais tu t’emmerdais pas à refaire ta saison toute la journée. Et pour cause, t’avais pas toutes ces données sur tes matches et sur tes adversaires. Et puis, t’étais pas un tire-au-flanc comme tous ces jeunes d’aujourd’hui qui passent leur vie rivés sur leur écran, bordel ! Hein, comment ? Tu parles comme un vétéran ? Ah ok, pardon…
Bon, tout ça pour dire que ce dimanche 8 octobre, donc, c’était la sortie des nouveaux classements et t’étais pas au courant. Preuve indéniable que tu n’as pas encore retrouvé tous tes réflexes de tennix, près d’un an après avoir fait ton légendaire come-back raconté dans ce blog. Preuve aussi que tu n’es pas encore totalement remis du nouveau fissurage mental qui a fini par découler de ce come-back, même si ça y est, tu l’annonces, t’as retrouvé le chemin des courts. Preuve, en bref, que tu n’es encore tout à fait redevenu « tennisman », même si le « de merde » reste lui d’actualité.
Ton fil « twitter » t’a donc appris que tous les licenciés avaient reçu par mail l’information de leur nouveau classement. T’es allé voir et, au début, t’as rien vu. T’as creusé et, ah oui, t’as trouvé ! T’avais bien reçu un mail, à 10h07 précisément, mais celui-ci s’était mis dans les « Indésirables ». Tu ne sais toujours pas s’il faut y voir un quelconque message…
Alors sinon, t’es combien, toi (selon l’expression consacrée qu’il fallait bien caser au moins une fois dans cet article) ? Eh ben, t’es 15/5. Pas de quoi se lever la nuit, mais pas si ridicule, en deux tournois, après autant d’années sans jouer. Pas une surprise non plus car en fait tu savais que t’étais déjà passé 15/5 au classement intermédiaire l’été dernier, avant de dégoupiller, de poser tes raquettes et de te désintéresser complètement de la balle jaune (et plus encore de ton futur classement), le temps de l’été. Et là, t’es retombé dans la marmite, t’es allé éplucher ton palmarès sur le site de la Fédé. T’as vu qu’il y avait plein de choses qui n’existaient pas « avant », genre le score du match, le libellé du tournoi, le pourcentage de victoires, etc. T’as vu que les joueurs que t’as battus, qui t’étaient apparus comme des monstres sur le court, n’étaient en fait que des aimables faire-valoir, sans perf (ou presque) et sans envergure. Tu les remercie néanmoins. C’est grâce à eux que t’as pu remettre un pied sur la grande échelle des classements cette année.
Au passage, Patricia Froissart, la dame qui t’a envoyé le mail avec ton nouveau classement et ton palmarès, t’apprend qu’au mois de décembre, la FFT va lancer le classement mensuel. C’est plutôt cool ça, non ? Ça évitera, chaque année, de perdre des heures inutilement devant son écran. Eh ouais : maintenant, on le fera tous les mois !
Petite erreur, je crois que Ulla c’était un 3617 :o)
Ca a donné quoi pour cette année?