Les 8 tennix qui me fatiguent sérieusement…

Attention, en période de Grand Chelem, ils sortent tous du bois ! Ils, ce sont les « tennix », cette espèce en voie de prolifération qui gravite autour de notre magnifique sport dont elle ne connaît pourtant strictement rien. En voici 8 profils caricaturaux particulièrement visibles et reconnaissables, qui sont à la limite de me faire passer l’envie de suivre Roland-Garros…

 

1/ Le Federophilix

Apparition papale un dimanche à Wimbledon.

Tout le monde aime Federer, là n’est pas la question. Mais le Federophilix, lui, voue un culte quasi-sectaire à son maître dont il boit les actes et les paroles avec une hauteur de vue comparable à celle d’un Raëlien soixante-huitard en pleine méditation incandescente à l’heure du jugement dernier. La moindre amortie rétro de son gourou, fût-elle aussi boisée que cocufiée, suffit à le faire tomber en pâmoison. Alors imaginez, à chacun de ses triomphes, il rentre dans une sorte de transe jubilatoire qui se traduit par une diffusion orgasmique d’articles, photos, vidéos ou toute information élogieuse à la gloire du maître, comme s’il voulait prouver aux mécréants athées – ou, pire, nadaliens – que sa religion est la seule digne d’existence. Véritable goal du Goat, le Federophilix se caractérise en effet par une intolérance absolue à tout étranger qui n’appartiendrait pas à son mouvement : vouloir débattre avec lui sur l’existence possible d’un autre univers tennistique revient à tenter de convaincre un Djihadiste en plein assaut terroriste d’aller d’abord communier à la messe puis de passer nourrir le chat de ta grand-mère. Ne lui demande pas d’apprécier un match de Cilic, il ne sait même pas qui c’est ! A noter que les fans de Djokovic se sont largement inspirés de la philosophie federophilix. A la différence qu’ils sont très peu nombreux et que, de toutes façons, on ne les entend plus beaucoup…

 

2/ L’Intellix

On s’en fout, non ?

Il est arrivé au tennis un peu par inadvertance, sans doute attiré par ses valeurs supposées bourgeoises et très « CSP + » (l’Intellix n’a probablement jamais assisté à un match de 4ème série…). Mais une part de lui-même n’assume pas complètement de s’intéresser à une chose aussi futile que du sport, activité normalement réservée, pense-t-il, à des couches populaires très en-dessous de sa capacité de réflexion. Alors, sur les réseaux sociaux où il est très actif, l’Intellix met un point nommé à (se) prouver qu’il reste très au-dessus de la mêlée en diffusant avec parcimonie des articles sur la dérive judéo-chrétienne de la Corée du Nord, la politique intérieure du Zimbabwe ou tout autre sujet dont le vrai passionné de tennis, lui, se carre complètement (et l’assume ouvertement). Le tout, bien sûr, émanant de la presse anglo-saxonne car oui, l’intellix speaks english fluently, ce qui t’énerve d’autant plus que toi tu gardes un traumatisme du râteau monumental que t’as pris une nuit dans une boîte londonienne après avoir demandé « ouate is your nem » à une bimbo asiatique qui passait près du bar. Anti-français par principe, moderniste autant par snobisme que par inculture, l’Intellix est rarement ouvert à la contradiction de ses idées : à celui qui s’y risque, il répond sur un ton d’aigreur qui n’est pas sans rapport, disent les mauvaises langues, avec le misérabilisme de sa vie intime. Mais cela ne nous regarde pas…

 

3/ Le Ragix

Eh, les Ragix, vous savez ce qu’elle vous dit, Eugenix ?

 

Tsonga ? Une chèvre. Bartoli ? Une vache. Gasquet ? Un âne. Monfils ? Un oiseau de nuit. Le Ragix entretient un rapport de haine à l’encontre, principalement, des joueurs de son pays qui restent la cible privilégiée de son obsession. A peine la défaite de l’un d’entre eux consommée, il se précipite, la bave aux lèvres, sur le forum de lequipe.fr où il déverse son fiel avec le soulagement non dissimulé de celui qui a une envie pressante, rajoutant son tas d’immondices à un terrain vague devenu par sa faute la décharge à ciel ouvert de la cyber prose participative. Son langage fleuri n’épargne rien ni personne, et la profondeur de ses mots fait avancer le débat aussi efficacement que de l’essence de térébenthine dans un moteur diesel. Si personne n’a jamais réussi à savoir qui il est vraiment, ce qu’il fait dans la vie, ni son rôle exact dans le monde du tennis, le Ragix, par son acharnement à la tâche, est pourtant capable de faire craquer bien des joueurs à coups d’insultes et même de menaces quand certains lui font perdre de l’argent sur des paris en ligne. Oui, car le Ragix joue beaucoup et donc perd beaucoup, vu qu’il maîtrise autant les subtilités du tennis que de la langue française. Il aime pourtant le sport et pratique la marche à haute intensité, le plus souvent dans des randos triangulaires entre son PC, sa télé et son frigo, une autre de ses activités principales consistant à beugler des insanités tout en sifflant des binouses vautré sur son canapé.

 

4/ Le Journalix Parisianix

Fatigue…

Cousin proche de l’Intellix, le Journalix Parisianix se caractérise lui aussi par sa glaçante capacité à livrer des analyses tennistiques totalement dénuées de charge émotionnelle, ce qui suffit en soi à démasquer son incompétence sur le sujet dont il traite puisque le sport, justement, n’est qu’une affaire d’émotions. Son pouvoir de nuisance est toutefois élevé car son statut, tout comme sa proximité avec les joueurs et les instances, lui donnent un sentiment d’omnipotence qu’il distille comme on prêche la bonne parole sur le monde 2.0 où il est également omniprésent (le Journalix Parisianix n’a pas de vie, lui non plus). Le ton péremptoire de ses analyses n’a d’égal que le mépris qu’il te porte, surtout si tu habites en zone sub-périphérique, ce qui fait de toi à ses yeux un ignare bâté des choses du tennis. Le Journalix Parisianix, lui, collectionne les caricatures du parfait bobo avec une assiduité qui frise l’indécence. Il est là partout, tout le temps, à l’exception notable des bords de terrains de tennis où il est en revanche suspecté de ne jamais se trouver, vu la pauvreté de ses mots quand il s’agit de décrire un coup droit lifté. Aller risquer le coup de froid et se mêler à la populace dans le seul but de regarder deux crétins en short taper dans une baballe jaune ? Et pourquoi pas aller bouffer un kébab avarié dans le XIè, tant qu’on y est ! No way. Oui, le Journalix Parisianix est bilingue, lui aussi…

 

5/ Le Politix

Classé 30/2 au faîte de sa gloire (et encore, je suis large…), le Politix comprit vite que le tennis ne l’aiderait en rien à arrondir ses fins de mois ou à choper des gonzesses. Alors, il entreprit sa reconversion en acceptant le poste de trésorier-adjoint du TC Collonge-en-Charollais, laissé vacant par Gégé qui était parti en claquant la porte après un différend avec son président lors d’une soirée post-tournoi interne un peu trop arrosée. Bref, on s’égare… Mais dès lors, le Politix, lui, ne parvint jamais à se délester du sentiment de toute-puissance que lui octroyèrent ses nouvelles prérogatives. Il ne fit que monter les échelons jusqu’à parvenir à un statut suffisamment élevé pour que son incompétence tennistique notoire commence – quand même – un peu à se voir. Trop tard, bien trop tard car le Politix, qui est en revanche un stratège hors-pair, avait alors déjà tissé sa toile. S’il fascine son auditoire par sa faculté à parler tennis pendant des heures alors que lui-même ne fait pas la différence entre un service à la cuillère de Sara Errani et un banana shot de Rafael Nadal, le Politix est néanmoins capable de dire tout et son contraire, parfois d’une phrase à l’autre, sans aucun état d’âme, pourvu que ça serve ses desseins personnels. Au fond, le destin du tennis dont il a pourtant la charge et la responsabilité ne représente que le cadet de ses soucis : le Politix est là, avant tout, pour faire avancer son schmilblick à lui…

 

6/ Le Bisounix

Exact contraire du Ragix, le Bisounix intrigue par sa faculté à s’émerveiller de tout et de rien, même d’une victoire d’Alizé Cornet au 1er tour du tournoi de Zuhai ou d’un passing de revers de Jo-Wilfried Tsonga dans le court. Fan inconditionnel de tous les joueurs français sans exception ou presque – il n’aime pas trop, quand même, quand Benoît Paire casse une raquette, ça c’est mal ! -, qui sont pour lui des « champions formidables », des « exemples pour la jeunesse », il passe l’essentiel de sa vie à les suivre sur les tournois de province et plus encore les rencontres de coupe Davis, lui qui est souvent un membre éminent de l’association des supporters. Gentil nounours, un peu benêt, joueur assez gauche à ses heures mais connaisseur patenté de la carrière de Paul-Henri Mathieu dont il est capable de citer une par une chacune des victoires sur le circuit pro, le Bisounix regarde le tennis avec un regard enfantin, une ingénuité d’oie blanche à la fois touchante et amusante. Le Ragix se fout ouvertement de sa gueule, l’Intellix ne le calcule même pas, n’empêche que c’est bien lui, le Bisounix, qui fait battre le cœur du tennis français. Ouais, bon, c’est pas demain qu’on va gagner un Grand Chelem…

 

7/ Le Nostalgix

Quinquagénaire fringant depuis longtemps reconverti au golf, le Nostalgix n’a plus touché une raquette depuis la retraite subite de Borg, dont il ne s’est au fond jamais remis. Depuis, pourtant, on a en a vu passer quelques champions pas trop mauvais, quelques duels épicés, mais non, rien à faire : lui reste bloqué à la finale de Wimbledon 1980 qui demeure à ses yeux l’apogée suprême de ce sport. Il regrette ouvertement ce temps béni des eighties où il y avait, au moins, de vraies oppositions de style et de bonnes engueulades sur le court, où le gazon de Wimbledon était rapide, où les joueurs avaient du tempérament et savaient claquer une volée, « pas comme ces robots d’aujourd’hui surdopés qui nous font chier à limer pendant des heures du fond. » S’il n’a plus vu un match de tennis en entier depuis la naissance de Federer – le seul qui trouve grâce à ses yeux -, le Nostalgix garde toutefois chez lui des traces de sa splendeur passée : en cherchant bien, dans un recoin de son garage, vous trouverez sûrement un exemplaire collector de la Dunlop Maxply en bois – celle avec les deux barres d’aluminium croisées pour protéger le cordage -, dédicacée par McEnroe, « le plus grand génie de l’histoire du jeu ». Pardon ? La vendre ?? Plutôt crever, ou regarder en replay un Djokovic-Murray…

 

8/ Le Roland Garrosix

Pour lui, l’US Open est un tournoi de golf, Monte Carlo un rallye et le Queens une boîte de nuit. En clair, il pipe autant au tennis que moi en point de croix. Et pourtant, tous les ans pendant 15 jours, entre fin mai et début juin, le Roland-Garrosix revient systématiquement à la charge pour déclarer sa flamme à un sport dont il connaît tout juste les règles. Avec un bagout qui force tout de même le respect, le Roland-Garrorix parvient à donner le change en multipliant les petites phrases toutes faites sur les grands traits de l’actualité classique de Roland-Garros. Exemple : « Bon, Nadal va encore tout écraser… ». « C’est quand même dommage que Rodger (notez le « Rodger » emprunté aux vrais fans) fasse encore l’impasse. » « C’est pas encore cette année qu’un Français va gagner Roland-Garros… » Issu d’un milieu aisé, le Roland-Garrosix, qui bosse souvent dans la pub’ ou dans la finance, vit dans un mode d’apparence où l’essentiel est de faire illusion. Et, surtout, de se montrer. D’où l’intérêt pour lui d’être à Roland-Garros et de sortir du bois à ce moment-là. Généralement, c’est lui qui t’appelle à deux semaines du tournoi, la fleur au fusil : « dis-moi, toi qui es licencié, t’as pas un plan pour avoir des places à Roland ? » N’étant ni le fils caché de Bernard Giudicelli, ni le sparring-partner de Rafael Nadal, non (connard)…

 

Retrouvez aussi ma chronique sur les « tennix » sur le site wesportfr.com

5 thoughts on “Les 8 tennix qui me fatiguent sérieusement…

  1. +1 pour le politix, dont on retrouve le caractère calculateur et inamovible chez le SYNDIX, membre à vie du conseil syndical de ma copropriété…

  2. Tu aurais pu pousser le concept du Politix, car c’est lui qui régit nos comités et nos ligues en costard cravate lors des AG annuelles….

  3. Salut
    C est pour quand le prochain article
    Si tu cherches des partenaires de jeu je suis 15 et j ai 15 ans

  4. Bonjour,

    Désolé de déterrer ce beau billet, je ne résiste pas.

    Vous me reconnaissez ? C’est moi ! C’est Ragix ! Sachant qu’à la base, j’étais Rien-à-Battrix, mais Bisounix m’a définitivement transformé.

    A chaque tournoi depuis ma plus tendre enfance, je sais à l’avance (grâce à Bisounix) que « il se pourrait fortement qu’un joueur français gagne le tournoi », que « tel et tel joueurs français sont en méga-super-forme », que « ça y est cette fois on sent que c’est la bonne », que « Crasquet est chaud bouillant » ; et que, et que, et que…

    Et que non en fait : ça va comme d’habitude se ramasser la margoulette en 256ème de finale, olalalala mékeucétilpassééééé on croyait tellement que c’était faisable, il s’était tellement bien entrainé, rhalala.

    Les faits :
    – quand ils atteignent un quart faut les féliciter,
    – ils sont les champions du monde de l’excuse, il y a toujours un truc indépendant d’eux qui les a gêné avant ou pendant le match (pelouse trop verte, balles trop rondes, court trop rectangle, arbitre trop impartial, etc.).
    – quasiment aucun d’eux n’a un mot pour son glorieux vainqueur (sauf pour dire qu’à un moment il a failli flancher).

    A côté de ça quand un Nadal avec 40° de fièvre écrase Tsonga en 2 sets tout en continuant d’envoyer des textos, il explique ensuite que son valeureux adversaire n’a « pas eu de chance car j’étais très en forme aujourd’hui, je sais pas pourquoi, peut-être parce que je me suis entrainé très dur pendant des heures jour après jour… Mais à plusieurs reprises j’ai eu vraiment très peur de WilfriedPFFFMOUAHAHAHAeeeuuuh s’cusez moi j’ai une allergie ».

    Bref, nos joueurs de tennis nous foutent la honte internationale depuis 30 ans, en plus de s’évader fiscalement (si c’est pour être aussi mauvais, au moins remboursez ce que vous m’avez inutilement coûté en formation, bande de cracheurs dans la soupe). Vous méritez qu’on vous enferme avec Montfort et son micro.

    Et si Noah n’avait pas existé ce serait pire, vu que le tennis français lui doit quasiment tout ce qui s’est passé d’intéressant.

    C’est vrai quoi.

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