8 conseils pour gruger en toute impunité au tennis

Tu ne gagnes pas un match de tennis et ça te rend complètement dingue ? Pas la peine de te mettre dans des états pareils, alors qu’il serait si facile d’inverser le cours des choses en carottant seulement un ou deux petits points, à des moments sciemment choisis du match. Pour enfiler ton adversaire sans le moindre effort, il convient toutefois de faire preuve d’un peu doigté. Et de maîtriser certaines techniques, que je te livre ici en exclusivité. Non, ne me dis pas merci…

 

 

1/ Mets un peu de vaseline au début

De la même manière qu’un bon compétiteur, pour s’ôter de la pression, doit toujours se trouver une bonne excuse avant de jouer (une douleur quelque part, une engueulade avec sa femme, un apéro trop corsé…), le bon tricheur doit toujours avoir avec lui un parapluie de secours au cas où les choses tournent mal. Un exemple classique, qu’on m’a récemment servi : le coup des problèmes de lunettes (lire ici). Autre exemple possible, si tu joues en indoor ou en soirée : critiquer préalablement l’éclairage, que tu trouves aveuglant ou trop jaunâtre (l’apéro corsé peut très bien fonctionner ici aussi). Le but, tu l’as compris, est de pouvoir te retrancher derrière un argument solide plus tard si ton adversaire te surprend en flagrant délit d’annonces aussi approximatives que cette overrule de Mohamed Lahyani à Miami :

 

Pour peu qu’il commence à hausser le ton, tu pourras alors sortir ton joker de la manche : « Ah pardon, désolé mec si j’y vois rien, j’aurais pas dû prendre ce 5ème pastaga hier soir ! » Bref, mets de l’huile…

 

2/ Sème le trouble à l’échauffement

C’est là où débute la manipulation psychologique proprement dite. Après avoir jeté le doute sur tes propres capacités oculaires, il va falloir brouiller les repères visuels de ton adversaire. Attention, la technique est subtile et demande un peu de pratique. Le but est de te débrouiller, à l’échauffement, pour faire croire que des balles sont bonnes alors qu’elles sont juste dehors, et vice-versa. La difficulté vient du fait que l’on est encore à l’échauffement, donc pas censé juger les balles adverses. Alors, trouve des subterfuges. Si ton adversaire met un parpaing en coup droit qui sort de 10 cm, lève un pouce en l’air, en signe d’admiration. Si au contraire il est pleine ligne, fais un petit trait d’esprit, du style : « et en match, tu fais les mêmes mais dans le court, c’est ça ? » Tu vas voir, ton adversaire va non seulement y perdre ses réglages, mais aussi son latin. Fou rire assuré.

 

3/ Commence par jouer contre ton camp

Cela participe du processus de manipulation décrit au paragraphe précédent. Alors que le match est commencé, il s’agit cette fois d’endormir la méfiance de ton adversaire en jouant des balles manifestement dehors, tout en fixant plusieurs secondes l’impact de ladite balle pour bien signifier le cadeau manifeste que tu es en train de lui faire. Puisque tu auras évidemment choisi les points les moins importants pour lui faire cette offrande (points que tu auras peut-être gagnés malgré tout, du reste), cela n’aura aucun impact sur l’issue du match, mais cela contribuera à susciter un sentiment de redevance, voire de culpabilité chez ton très honnête adversaire. Qui, pour peu qu’il soit un peu niais, n’osera rien dire au moment où tu le carotteras pour de bon. S’il est vraiment très con, il se fera peut-être même fourrer avec le sourire.

 

4/ Aie la carotte intelligente

Le QI de mes lecteurs étant largement supérieur à la moyenne relevée chez les gallinacées transgéniques de basse-cour (de tennis), je ne devrais même pas avoir besoin de le préciser.  Mais parfois, même les choses qui vont sans dire vont mieux en étant dites (cherchez pas, j’ai piqué cette phrase à un vieux discours de Macron et j’en cherche toujours le sens). Bref, ne sois pas complètement stupide dans ton entreprise de fumisterie. N’œuvre jamais sur la ligne de couloir, par exemple, beaucoup plus visible par ton adversaire (sauf s’il vient de te décocher un tweener croisé et qu’il a encore la face collée au grillage, mais là c’est quand même assez rare). La ligne de fond de court est à privilégier. Si tu joues dehors, choisis de préférence le côté adossé au soleil, que ton adversaire aura donc en pleine poire. Et bien entendu, on ne carotte jamais quand quelqu’un s’aventure à proximité du court (c’est rare aussi, mais bon…), spécialement s’il s’agit d’une jolie fille. Ou du juge-arbitre.

 

5/ Monte beaucoup au filet

Comme on vient de le dire, la ligne de fond de court est la plus propice à l’enculerie. Car elle est beaucoup moins visible par ton adversaire, surtout si tu as remarqué qu’il était arrivé au club avec les lunettes de Jean-Pierre Coffe, bref si tu as cru comprendre qu’il était myope comme une taupe. Myope ou pas, la ligne de fond sera pour le coup totalement invisible de ton adversaire si tu la masques avec ton corps. Et pour cela, le mieux reste la montée au filet. Si tu as pris soin de monter avec un bon chip sur son revers, logiquement, tu vas récolter à tous les coups une bonne chandelle moisie qui va venir s’écraser à proximité de la ligne critique. Plus ou moins loin, tu t’en fous. Tu n’es pas à 20 cm près. Où qu’elle soit, tu vas pouvoir frauder en toute tranquillité, l’autre n’y verra que du feu. Si tu es vraiment culotté et si tu le sens bien, tu peux parfois tenter la ligne de couloir. Mais je te l’ai dit, fais gaffe quand même. Certains ont essayé, ils ont eu des problèmes…

 

 

6/ Anticipe psychologiquement le carottage

Un bon carottage, c’est comme un bon hold-up : ça ne s’improvise pas. Il faut se préparer, techniquement (comme on vient de le voir) mais aussi psychologiquement. Comme tu ne peux pas anticiper à quel moment précis tu vas passer à l’acte, il faut au moins que tu sois parfaitement prêt dans ta tête. Car tout va aller très vite. Tu vas devoir prendre la décision en une fraction de seconde et avoir ensuite, on va le voir au paraphe suivant, une réaction adéquate. Or, il faut être parfaitement prêt pour que tout se déroule sans accroc, très naturellement, comme si absolument rien ne s’était passé. La gruge n’est pas un art si facile. Ça ne s’improvise nullement. Ne décide jamais un carottage dans l’instant, sur un coup de tête. Il faut que tu l’ais « décidé » depuis plusieurs points, plusieurs jeux parfois. Que tu aies bien mesuré toutes les conséquences possibles. Vérifié la position du soleil. Affûté ton chip and charge. Travaillé ton petit air parfaitement innocent, à la « vraiment Maurice, tu pousses le bouchon un peu trop loin ! ». Tu verras que si tu es prêt, les choses arriveront facilement. Tu verras aussi que plus les matches passeront, meilleur grugeur tu seras…

 

7/ Au moment de passer à l’acte, poker face totale !

Voilà, nous y sommes… Le score est de 4-4, égalité au 3è set. En clair, l’instant est grave. Tu ne supportes plus le jeu alambiqué de ton adversaire, encore moins sa face de grand tout mou dégingandé, et cette manière insupportable qu’il a de murmurer des « come on » en réalité parfaitement audibles à chacune de tes fautes directes (vu qu’il ne fait aucun point gagnant). Malgré tout, il te faut absolument gagner ce putain de match si tu veux assurer ton maintien à 30 à la fin de la saison, principale gloriole de ta vie de merde. Donc t’as pris ta décision au début du 3è set : pour arriver à tes fins, tu vas t’auto-octroyer un petit coup de pouce…

Jusqu’à présent, tu n’as pas eu l’occasion de la mettre au fond. Et voilà qu’à ce moment du match pour le moins critique, survient ce point un peu étrange où, en voulant tenter une amortie saucissonnée à la Dustin Brown, ton adversaire t’as appâté avec une balle bien courte qui est un véritable appel à la montée au filet. Ce que tu fais. Sa chandelle de revers, aussi verticale et imprécise qu’une pénalité de Camille Lopez, te passe par-dessus la tête (à tous les sens du terme). Tu te positionnes pile derrière l’ogive, parfaitement parallèle à la trajectoire, de manière à créer une éclipse totale de balle pour ton adversaire. Est-elle bonne, faute, de beaucoup, pas beaucoup ? C’est le cadet de tes soucis. Tu sais que c’est LE moment. Tu lèves ton bras, index pointé vers le ciel. Surtout n’en dis pas plus, n’en rajoute pas. Garde ton calme. Fais tomber ton rythme cardiaque. Préviens-toi du moindre rictus d’émotion. Prends ton masque de souffrance, et va te replacer. Maintenant seulement, tout en remettant distraitement en ordre les cordes de ta raquette, et sans lever les yeux de ton cadre, tu peux le dire : « Avantage pour moi ! » L’autre n’a pas bronché. C’est gagné.

 

8/ Accepte une fois de remettre le point. Pas deux…

Il se peut parfois qu’il y ait une petite couille dans le potage et que ton adversaire, ce fumier, ait le toupet de contester ton innocente décision voire de mettre en doute ton angélisme légendaire. Bon. Pas de panique. Ça arrive aux plus grands. C’est que tu as dû rater l’une des 7 étapes précédentes. Peut-être as-tu manqué de conviction, ou peut-être as-tu un poil exagéré le carottage (1 mètre dans le court, faut pas déconner quand même…). Bref, toujours est-il qu’il s’agit maintenant de garder la face. Avec son culot, tu vas voir que l’autre va te demander de remettre deux balles ! Accepte à la limite une fois, à contrecœur, en insistant bien sur le fait que tu lui fais une fleur. Si par malheur l’incident se reproduit, n’hésite pas : tu fais un esclandre mémorable et tu quittes le court comme un prince, en taxant l’autre de plus gros grugeur que tu n’aies jamais croisé sur un terrain de tennis. Sa réputation est faite. Et ton honneur est sauf…

3 thoughts on “8 conseils pour gruger en toute impunité au tennis

  1. J’ai un collègue qui m’avait expliqué sa méthode contre les tricheurs : il faisait pareil mais à la puissance 10. Une balle 50cm dans le court ? Faute ! Au bout d’un moment, ou l’adversaire arrête de carotter, ou on appelle le juge arbitre pour arbitrer la fin du match. Dans tous les cas la triche s’arrête.

  2. Et sinon une technique affreuse pour carotter un point : sur une première balle de service adverse faute, tu tentes le retour gagnant. Si ta balle sort, tu annonces le service faute. Sinon tu empoches le point sans rien dire. A cause de ça, je suis hyper attentif à la zone où mes services atterrissent…

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